Miriam Sepúlveda

Artiste peintre d'origine chilienne née en 1971, elle a étudié aux Beaux Arts de Santiago et obtenu une maîtrise et un master en restauration d'Art Précolombien. Après plusieurs années passées au Centre National de Conservation et Restauration de Santiago, elle s'installe en France en 2002 – Lyon, Paris puis Nantes en 2012 où elle pose ses valises.
"Je travaille à partir de documents cartographiques historiques afin de rendre visible l'évolution urbaine. La carte est un point de départ pour la création, la rêverie et l'expression colorée "
Entre le réel et l'imaginaire. Peut-on parler d'abstraction ? La ville est bien réelle et fait sens pour ses habitants. Myriam détourne donc le matériau de base, savamment choisi, pour en faire tout un jeu de couleurs. " – J'aime créer des espaces colorés qui révèlent des formes, puis des harmonies chromatiques ".
Son travail se fait en 2 étapes. Tout d'abord rechercher sur internet – notamment la base de données de la B.N.F. " Gallica ", ou dans les bibliothèques, le plan qu'elle va devoir adapter en taille pour devenir la base de travail de la deuxième étape : la peinture acrylique.
Il y a donc tout un processus qui fait partie de sa démarche artistique. C'est de l'intrication de l'histoire, la trace de l'homme, la recherche chromatique... que naît l'oeuvre d'art.
Et de citer volontiers Yves Klein : " Pour moi, les couleurs sont des êtres vivants, des individus très évolués qui s'intègrent à nous, comme à tout ".

Puissions nous, bientôt, avoir notre propre affiche.

Ludovic Mercher

Artiste peintre autodidacte, roubaisien d'origine, Ludovic Mercher, né en 1970, s'est installé en Vendée – Saint Vincent sur Graon – où il y vit et travaille depuis onze ans, loin du tumulte de la grande Cité.
"Autant influencé par l'architecture que la nature, c'est l'équilibre que je cherche dans la toile, l'espace vital qu'il nous faut trouver, entre matière et esprit".
Au premier coup d’œil, la géométrie structure la toile. Des axes sur trois plans, des perspectives à plusieurs points de fuite nous projettent au pied d'architectures grandioses et diaphanes. Pour autant, il ne s'agit pas d'abstraction géométrique, la perspective (illusion d'optique) étant omniprésente.
La palette de Ludovic est volontairement dépouillée. Noir, orange, marron, bleu ciel et un rouge magnifique (le rouge dont les temples Shinto sont peints) viennent ponctuer la toile. Peinture acrylique avec ajouts de collages - fragments de journaux japonais, fibre de papier coréen, plaques de métal rouillées – on devine quelques éléments figuratifs (oiseaux, arbustes, le Mont Fuji) qu'il peint comme des citations d'estampes.
A y regarder de plus près, par delà les tracés rectilignes, apparaissent des masses informes aux couleurs plus organiques – de la rouille, des bruns jaunâtres – sortes de nuages ou vortex de matière venant troubler le bel ordonnancement d'un habitat humain. C'est que la nature a ses droits que l'homme doit respecter et non pas l'inverse. La Nature, entité déifiée comme dans la religion Shintoïste du Japon que l'artiste parvient à traduire par la transparence de ses œuvres qui génère un sentiment d'apaisement et de plénitude.

Profitons du calme intérieur pour admirer ces œuvres.

Laurence Mary

Photographe professionnelle depuis 7 ans, autodidacte passionnée de photo depuis l'enfance, elle a son studio photo à St Aubin-la-Plaine. Des clichés-souvenirs des colonies de vacances réalisés avec un appareil jetable il y a 30 ans, à la démarche actuelle de pratiquer l'URBEX*, un long cheminement s'est opéré et une passion est née.
"La photographie est pour moi une façon de transmettre des émotions et de partager ma vision du monde à travers ma sensibilité. L’exploration urbaine m’a permis d’aller plus loin dans la transmission des émotions. L’URBEX, c’est un voyage dans le temps, dans les souvenirs et cela fait de ma passion pour la photographie une véritable aventure ".
*URBEX : Pratique consistant à visiter des lieux construits et abandonnés par l'homme. (wiki)
Au néologisme d'Urbexeur on préférera la poésie du « Prince des monte-en-l'air » ou du « gentleman cambrioleur » . Nul doute que G. Brassens eût apprécié qu'on lui déro-bât seulement quelques photos ; Arsène Lupin, quant à lui, a peut-être croisé le chemin de Laurence. Sait-on jamais ? Ce sentiment de transgression en pénétrant l'intimité d'un lieu interdit doit rajouter au plaisir de la photo-témoin d'une histoire.
Laurence Mary travaille avec du matériel numérique en s'imposant une règle : ne pas retoucher l'épreuve. Elle préfère multiplier les shoots pour choisir le bon cadrage, la bonne exposition, attendre le bon éclairage : mais pas de maquillage ni de mise en scène. Approcher l’œil du maître en la personne de Diane Dufraisy-Couraud ou Romain Veillon.

"Je respire la poussière du temps, et j'essaie d'immortaliser ce qu'il en reste."

Laura Rolim Dias Zernik

Artiste plasticienne, née en 1994 à São Paulo (Brésil), c'est armée d'une solide formation universitaire (lettres – Arts Plastiques) qu'elle vient à Paris (aux Arts Déco), dans la cadre d'Erasmus, puis Nantes en 2021(master aux Beaux- Arts) .
"Mon travail englobe la gravure, la sérigraphie, la photographie et la peinture. Un point commun à toute ma production est l'intérêt pour les arts dits mineurs, tels que les arts décoratifs, et pour les références constantes que les artistes se font les uns aux autres tout au long de l'histoire de l'Art".
Et les références ne manquent pas pour Laura qui revendique des influences tant littéraires que plastiques. En témoigne l’œuvre en 7 parties présentée ici et qui fait explicitement référence à un célèbre tableau de Velásquez : les fileuses (las Hilanderas - 1657).
Les 7 panneaux sont présentés à la manière d'une intrigue policière. Chaque toile apporte un indice supplémentaire. On peut penser au jeu du Cluedo ! Les indices sont confortés par les motifs (parfois très suggestifs) des lés de tapisserie et certains de ces motifs reproduits à l'infini font penser aux " fleurs " de Georgia O'Keeffe. La couleur rose, volontairement grasse et vive, nous oriente vers un crime passionnel à moins que...
Laura Zernik nous entraîne dans son univers psychanalytique. Ses médias ? Des toiles suspendues, grand format (3m x 1,2m) peintes en technique mixte, surtout acrylique. On peut penser à un décor de théâtre et Velásquez lui même avait imaginé son intrigue au deuxième plan du tableau, comme une scène en arrière plan.

Travail récompensé par le diplôme des Beaux-Arts avec Félicitations

Jean-Michel Yon

Né en1946 à Paris, il mène de front son métier – chirurgien dentiste, et sa passion – la peinture figurative. A vingt ans, il exposait déjà au Salon des Indépendants. Retiré en Vendée, il poursuit inlassablement son œuvre et obtient des récompenses prestigieuses (médaille de bronze au Salon des Artistes Français).
" La peinture est comme respirer un besoin vital ; et ce ne sont pas les yeux qui voient le monde mais le cœur ".
Les toits de Paris : Sur les pas d'Utrillo qui aurait quitté Montmartre, en compagnie d'Albert Marquet (en moins optimiste) et Bernard Buffet (en moins désespéré), Jean Michel Yon nous donne une œuvre originale où le dessin apparaît d'une précision chirurgicale.
Une riche palette nous montre les tons froids – gris bleutés – des toits en zinc et cuivre, ou des verrières au verre opaque et en parfaite harmonie avec les façades plus colorées, plus chaudes, comme les souches de cheminée en argile rouge, jusqu'aux fenêtres souvent vides et aveugles, diffusant parfois une lumière blafarde.
On pense au réalisme d'Edward Hopper. Autre point commun : la ville est vide de ses habitants ; plus que le réalisme, J.M. Yon peint une recomposition de souvenirs liés à des sentiments ressentis dans sa jeunesse.
Il émane de ses tableaux une douceur nostalgique comparable à un rêve sans bruit, un joli film muet, suranné, à jamais gravé dans notre mémoire.
Sa technique ? L'huile sur toile – coton, polyester – ou de lin, sur fond noir.

« Une chasse à la beauté urbaine ».

Florance Malcombe

Artiste plasticienne, diplômée de l'école Arts Appliqués de Bordeaux, de Design de Produit aux Beaux Arts et d'Art-Thérapie à PROFAC, Florence vit et travaille à Soubise, sur les bords de la Charente.

"J'aime les villes qui ressemblent à des labyrinthes , où les gens se perdent avant de se retrouver...Où ça grouille comme un marché aux puces, avec des rues si petites qu'on ne peut tenir qu'a deux".

Ses ateliers sont un capharnaüm, sa maison une œuvre en devenir ; à l'image des villes qu'elle invente, tant à la palette graphique qu'à la sculpture, en passant par les collages et diverses techniques mixtes sur toile.

La maison n'est que l'enveloppe ultime de l'humain ; son abri dans la cité. Mais l'enveloppe charnelle est aussi le premier rempart aux agressions extérieures. Le corps devient lui même une architecture. La force de l'homme est de construire toujours plus haut ; d'où des villages perchés sur des pitons rocheux comme en Cappadoce, sur des totems. La tour de Babel. On approche le divin.

Le monde onirique de Florence Malcombe est traduit par une artiste aux multiples talents. Elle qui voudrait approcher l'authenticité des artistes de l'art brut, elle fait montre d'une maîtrise technique confondante – jusqu'aux villages vus de dessus qui font penser aux constructions improbables de M.C. Escher.

Un univers poétique à découvrir de porte à porte

Ninon Madoré

Peintre et sculptrice, artiste plasticienne, Ninon, née à La Roche-sur-Yon en 2000 a étudié aux Beaux-Arts (ESAD-TALM) le Mans. Reçue en 2023 à son Diplôme National Supérieur d'Expression Plastique avec les félicitations, elle vient confronter son talent auprès des collègues expérimentés.
"Les volumes en trois dimensions, bas-reliefs et toiles sur châssis offrent un ensemble particulièrement cohérent et rassurant autour des artefacts qui peuplent nos chambres, nos salons, nos cuisines et nos salles de bain." - Jean Bonichon, professeur au Mans -
L'évocation des "ready-Made" de Marcel Duchamp au début du XXe siècle, et le Andy Warhol de la boite de soupe, évidemment, certaines séries de Manon Madoré y font référence mais c'est tellement loin dans le temps. On peut penser, bien plus près de nous, au Nouveau Réalisme – Arman, Christo et plus encore Daniel Spoerri (grand-père spirituel de Manon!)
Ses outils, sa technique ? Peinture acrylique, papier, papier mâché, tissus. Peinture hyperréaliste. Plusieurs séries en cours :"Plongée", " Boites à chaussures" où la mise en abyme (intérieur-extérieur) est intéressante," Faire tapisserie", "Fantômes", "Toiles", " Se fondre dans le décor" où tous les objets utilisés sont pétrifiés dans du papier mâché.

Un Univers étonnant et passionnant

Croc'ARTS a choisi d'innover et se tourne résolument vers la Jeunesse.
Ainsi, lors d'expos "Echanges de Regards", nous sélectionnerons une ou
un jeune artiste professionnel des années 2000. (qu'il sorte des BeauxArts ou autres). Le Hasard fait que nous présentons cette année deux
artistes lauréates – Ninon Madoré et Laura Rolim Dias Zernik.

Essebé

Peintre figuratif né en 1976, Stéphane Bourdeau a installé son atelier dans le charmant village d'artistes de Guéméné-Penfao (44). Et depuis une vingtaine d'années, il peint et dépeint ses foules d'habitants dans leurs cités qui plongent leurs regards impavides dans le nôtre.
"Je suis autodidacte... Déjà, c'était mon passe-temps en cours et la prof d'espagnol nous faisait travailler sur des photos de Picasso, Dali, Gauguin... J'ai découvert Guernica puis je l'ai vu au Musée du Prado. Guernica, en vrai, ça déchire! (sic)".
En premier lieu ce qui caractérise l'Art Singulier* d'ESSEBÉ, c'est une profusion de personnages et une explosion de couleurs. La multitude chez Jean Dubuffet, la couleur chez Gaston Chaissac : pas mal comme parenté.
Inspiré par Picasso (l’œil du minotaure), l'artiste nous propose une vision absurde du monde au moyen d'une peinture acrylique figurative et colorée avec des personnages bien marqués au contour noir.
Peinture dans laquelle Robert Combas et ses acolytes de la « Figuration Libre » se reconnaîtraient avec , leurs copains du Bad Painting : Keith Haring, Jean-Michel Basquiat. Que du beau monde !

"J'essaie de progresser, putain que c'est dur !"

*l'art singulier : sans formation préalable spécifique ; un art parfois déroutant mais toujours profondément humain. Un art à la marge qui amène les gens à échanger.

Jean Delêtre

Artiste peintre autodidacte, il naît et réside à Parthenay (Deux Sèvres).À 13 ans il entame des études pour devenir peintre en bâtiment ! Dans les années 1975, il découvre la peinture sur toile puis étudie la peinture sur verre *. À 45 ans, un soucis de santé l'oblige à abandonner son métier premier et il doit franchir le pas en 1998 et vivre enfin de son art .
"J'ai commencé à copier des tableaux de grands maîtres avec la technique du quadrillage. Puis je me suis mis à créer mes propres tableaux. D'une écriture très naïve au départ, j'ai eu envie de débrider tout ça en y mettant une touche d'humour et de dérision".
*La peinture sur (sous) verre est une spécificité des peintres naïfs de Croatie, particulièrement l'école de Hlebine et son maître Ivan Generalić, lequel fustigeait une vision élitiste de l'art. L'art est pour le peuple qu'on représente sur les tableaux.
C' est ainsi qu'on peut comprendre la peinture de Jean Delêtre. Les petits personnages qu'il croque dans des attitudes loufoques, incongrues, ridicules mais irrésistibles, c'est le peuple. C'est Nous. Égratignés dans nos attitudes, gentiment chahutés car l'auteur est foncièrement gentil avec ses gnomes.
Ces mondes clos surpeuplés font penser aux maîtres flamands de la Renaissance que sont Jérôme Bosch et Pieter Brughel l'Ancien. Sans chimères ni diableries mais avec des positions étonnantes. D'ailleurs, Jean a réalisé plusieurs triptyques à l'instar du Jardin des Délices. Jean Delêtre, alias Micromégas peint ses petits êtres terriens avec une parfaite maîtrise de la peinture à l'huile sur toile.

Vus de Saturne, ne sommes nous pas semblables ?